René-Xavier Prinet
PRINET, René-François-Xavier (Vitry-le-François, le 31 décembre 1861 ; Bourbonne-les-bains, le 26 janvier 1946) :
· Participations : de 1900 à 1914
· présent en : 1919, 1920 et 1921.
Il reçoit l'enseignement de Gérôme, Courtois, Dagnan-Bouveret, mais s'en émancipe pour développer un style indépendant. Il expose à partir de 1885 au Salon des Artistes français, dès 1890, à celui de la Nationale - à qui il sera fidèle jusqu'en 1922 - et à la « Société Nouvelle » chaque année chez Georges Petit.
Tour à tour on l’a qualifié de peintre d'histoire (Adoration des Mages à l'église Saint-Ferieux à Besançon (1905, le Petit quadrille à la Bibliothèque de l'Opéra), de genre, de paysages, de décorations (les Quatre saisons au Palais de la Légion d'Honneur commandé en 1891 ; il décora à Bourbonne la maison de ses cousins et composa une série de panneaux pour son propre salon d’après les esquisses qu’il avait faites à Tivoli.) Cependant, Prinet est avant tout reconnu pour ses portraits (dont celui de la Famille Saglio) et ses intérieurs intimistes. D’ailleurs, il participe en 1905 et 1906 à l’ « Exposition d’Ensemble des Intimistes (Peintres d’Intérieurs) » aux côtés de Bonnard, Caro-Delvaille, Laurent, Lobre, Matisse, et Vuillard, galerie Henry Graves. « Dessinateur très sûr, successeur de Fantin-Latour dans un certain genre de portraits d’intimité familiale, il représente ce qu’on a appelé la mesure française. »[1]
Pour certains : « Il pratique un réalisme distingué et serein dont la correction un peu froide du dessin est soutenue par des coloris brillants, mais sans chaleur ni originalité. »[2]
C’est pour cela, qu’il est, parfois, considéré comme membre de la « Bande Noire ». Lui-même, en 1905, parle des « Nubiens » dans l'enquête de Charles Morice, mais ne s’y identifie pas pour autant[3]. Néanmoins et indéniablement, on peut le rattacher au groupe. Son amitié avec les autres est bien réelle et date de longtemps ; il côtoie Cottet, Meunier, Dauchez et Ménard. A ces débuts, il loue un atelier place Fürstenberg, puis 16, impasse du Maine (de 1887 à 1894), où sont installés Bourdelle, Lucien Simon et Carrière. Ce dernier, ayant remarqué au Salon une toile de Prinet qui lui plut, vint féliciter son jeune voisin. Dès lors, sa présence proche et son ascendant constant incitèrent Prinet à se complaire dans la pénombre, enveloppant les volumes et cherchant à exprimer la profondeur des choses. La peinture de Prinet devient souvent brune et cuivrée. Il utilisait des préparations bleutées ou rosées pour ses dessous, qui expliquent l’aspect souvent « grisailleux », presque monochrome, de certaines de ses peintures.
Pour d’autres, sa peinture se qualifie ainsi :
« Peinture en apparence lisse, en apparence simple, elle est aussi une peinture qui allie la spontanéité du mouvement à une grande maîtrise de la mise en scène et du cadrage. Les photographies de Prinet font preuve de cette recherche dans la mise en place des différents éléments et de l'angle de prise de vue. »[4]
En effet, au début du siècle, le ton s’éclaircit et Prinet passe à une peinture plus lumineuse. Son style évolue, il peint la cote normande et les bourgeoises en villégiature : il peint le Cabourg de Proust.
Comme les autres membres de la « Société Nouvelle », rapidement et régulièrement, il reçoit les honneurs : mention honorable en 1888, médaille d'or et croix de la Légion d'honneur en 1890 et médaille d'or à l'Exposition universelle de Paris en 1900, nommé officier de la Légion d’Honneur en 1926, il reçoit la médaille d'honneur à l'exposition universelle de Paris en 1937. Sa célébrité dépasse les frontières : il devient membre de la Société royale des Peintres de Belgique et Commandeur de l'Ordre d'Alphonse XII (Espagne). En 1913, il est juré de l’Institut Carnegie à Pittsburgh. « Au moment où la guerre de 1914 éclate, il est trop âgé pour être mobilisé, mais le secrétaire d’Etat aux Beaux-Arts le charge d’une mission sur le front de Gérardmer et Noyon d’où il rapporte des esquisses remarquables. »[5]
L’après-guerre est marqué en 1923, par la fondation du Salon des Tuileries. Albert Besnard, Aman-Jean, Bourdelle, Lucien Simon, Le Sidaner, Desvallières et Prinet veulent un Salon ouvert à tous les talent.
Avec quelques artistes, il ouvre à Paris une Académie libre à Montparnasse, l’Académie de la Grande Chaumière, qui attire de nombreux artistes. Il enseigne ensuite à l'Ecole Nationale des Beaux-Arts où il dirigea un atelier de femmes, de 1926 à 1931.
A l’Académie de la Grande Chaumière Prinet aimait enseigner, il était accueillant à la jeunesse, son esprit clair et réfléchi savait capter l’attention des étudiants et retenir leur confiance tout en respectant leur personnalité. Cette Académie est fréquentée par, Le Molt, Brianchon, Legueult, Bersier, Lecaron… et Dunoyer de Ségonzac qui reconnaît que c’est à Prinet qu’il doit la richesse de ses tons neutres et la diversité de ses gris.
En 1937, une nouvelle sécession se produit à la Nationale : André Dauchez qui en était le président depuis la mort de Forain, se voit obligé de la quitter. Il fonde le « Salon Indépendant de la Nationale » qui se tiendra en avril à la galerie Charpentier, Faubourg Saint-honoré. Prinet s’associe au groupe et y expose jusqu’en 1939. Il se fixe dès lors toute l’année à Bourbonne et ne fait que de rares séjours à Paris. Il y vint en juin 1943, au moment de sa réception à l’Académie des Beaux-Arts où il succéda à Muenier.
Erudit et connaisseur en peinture, il est l’auteur d'une Initiation à la Peinture et une Initiation au dessin et il laisse inachevée une longue étude sur les Ecrits de peintres.[7] Il n’est pas seulement reconnu et apprécié pour ses talents de peintre. C’est un artiste salué par la presse à laquelle il collabore aussi.[8] De plus, son esprit vif et spirituel lui offre une place distinguée dans la société parisienne.
Comme d’autres membres de la « Société Nouvelle », il illustre aussi des ouvrages, notamment celui d’Henry Bataille Maman Colibri : l’Enchantement.
[1] J-E. BLANCHE.- Les arts plastiques : La Troisième République, de 1870 à nos jours.- Paris : Impr. Nouvelle, 1931. p. 189.
[2] P. CABANNE et G. SCHURR.- Dictionnaire … op. cit., vol. 2, p. 309.
[3] La peinture en 1905 : l'Enquête sur les tendances actuelles des arts plastiques de Charles Morice. Introduction Philippe Dagen.- Paris : Lettres modernes, 1986. p. 23.
[4] Images littorales du Calvados : de 1850 à 1920, de Morny à Proust, de Mozin à Prinet.- Caen : Conseil Général du Calvados, Direction des Archives départementales du Calvados, 1997. p. 269.
[5] Ibid.
[7]René-François Xavier PRINET.- Initiation à la peinture.- Paris : Librairie d’art R. Rucher, 1935. 191 p.
René-François Xavier PRINET.- Initiation au dessin.- Paris : Flammarion, 1940. 124 p.
[8] Il collabore à la Grande revue de 1906 à 1910 :
« Au Musée du Louvre », 1907, p. 130 à 139.
« Au Musée du Louvre, l’art japonais », 1907, p. 351 à 353.
« L’Exposition Chardin et Fragonard », 1907, p. 548 à 554.
« Exposition chez Duran-Ruel, Sisley », 1908, p. 813 à 817.
…etc.
· Participations : de 1900 à 1914
· présent en : 1919, 1920 et 1921.
Il reçoit l'enseignement de Gérôme, Courtois, Dagnan-Bouveret, mais s'en émancipe pour développer un style indépendant. Il expose à partir de 1885 au Salon des Artistes français, dès 1890, à celui de la Nationale - à qui il sera fidèle jusqu'en 1922 - et à la « Société Nouvelle » chaque année chez Georges Petit.
Tour à tour on l’a qualifié de peintre d'histoire (Adoration des Mages à l'église Saint-Ferieux à Besançon (1905, le Petit quadrille à la Bibliothèque de l'Opéra), de genre, de paysages, de décorations (les Quatre saisons au Palais de la Légion d'Honneur commandé en 1891 ; il décora à Bourbonne la maison de ses cousins et composa une série de panneaux pour son propre salon d’après les esquisses qu’il avait faites à Tivoli.) Cependant, Prinet est avant tout reconnu pour ses portraits (dont celui de la Famille Saglio) et ses intérieurs intimistes. D’ailleurs, il participe en 1905 et 1906 à l’ « Exposition d’Ensemble des Intimistes (Peintres d’Intérieurs) » aux côtés de Bonnard, Caro-Delvaille, Laurent, Lobre, Matisse, et Vuillard, galerie Henry Graves. « Dessinateur très sûr, successeur de Fantin-Latour dans un certain genre de portraits d’intimité familiale, il représente ce qu’on a appelé la mesure française. »[1]
Pour certains : « Il pratique un réalisme distingué et serein dont la correction un peu froide du dessin est soutenue par des coloris brillants, mais sans chaleur ni originalité. »[2]
C’est pour cela, qu’il est, parfois, considéré comme membre de la « Bande Noire ». Lui-même, en 1905, parle des « Nubiens » dans l'enquête de Charles Morice, mais ne s’y identifie pas pour autant[3]. Néanmoins et indéniablement, on peut le rattacher au groupe. Son amitié avec les autres est bien réelle et date de longtemps ; il côtoie Cottet, Meunier, Dauchez et Ménard. A ces débuts, il loue un atelier place Fürstenberg, puis 16, impasse du Maine (de 1887 à 1894), où sont installés Bourdelle, Lucien Simon et Carrière. Ce dernier, ayant remarqué au Salon une toile de Prinet qui lui plut, vint féliciter son jeune voisin. Dès lors, sa présence proche et son ascendant constant incitèrent Prinet à se complaire dans la pénombre, enveloppant les volumes et cherchant à exprimer la profondeur des choses. La peinture de Prinet devient souvent brune et cuivrée. Il utilisait des préparations bleutées ou rosées pour ses dessous, qui expliquent l’aspect souvent « grisailleux », presque monochrome, de certaines de ses peintures.
Pour d’autres, sa peinture se qualifie ainsi :
« Peinture en apparence lisse, en apparence simple, elle est aussi une peinture qui allie la spontanéité du mouvement à une grande maîtrise de la mise en scène et du cadrage. Les photographies de Prinet font preuve de cette recherche dans la mise en place des différents éléments et de l'angle de prise de vue. »[4]
En effet, au début du siècle, le ton s’éclaircit et Prinet passe à une peinture plus lumineuse. Son style évolue, il peint la cote normande et les bourgeoises en villégiature : il peint le Cabourg de Proust.
Comme les autres membres de la « Société Nouvelle », rapidement et régulièrement, il reçoit les honneurs : mention honorable en 1888, médaille d'or et croix de la Légion d'honneur en 1890 et médaille d'or à l'Exposition universelle de Paris en 1900, nommé officier de la Légion d’Honneur en 1926, il reçoit la médaille d'honneur à l'exposition universelle de Paris en 1937. Sa célébrité dépasse les frontières : il devient membre de la Société royale des Peintres de Belgique et Commandeur de l'Ordre d'Alphonse XII (Espagne). En 1913, il est juré de l’Institut Carnegie à Pittsburgh. « Au moment où la guerre de 1914 éclate, il est trop âgé pour être mobilisé, mais le secrétaire d’Etat aux Beaux-Arts le charge d’une mission sur le front de Gérardmer et Noyon d’où il rapporte des esquisses remarquables. »[5]
L’après-guerre est marqué en 1923, par la fondation du Salon des Tuileries. Albert Besnard, Aman-Jean, Bourdelle, Lucien Simon, Le Sidaner, Desvallières et Prinet veulent un Salon ouvert à tous les talent.
Avec quelques artistes, il ouvre à Paris une Académie libre à Montparnasse, l’Académie de la Grande Chaumière, qui attire de nombreux artistes. Il enseigne ensuite à l'Ecole Nationale des Beaux-Arts où il dirigea un atelier de femmes, de 1926 à 1931.
A l’Académie de la Grande Chaumière Prinet aimait enseigner, il était accueillant à la jeunesse, son esprit clair et réfléchi savait capter l’attention des étudiants et retenir leur confiance tout en respectant leur personnalité. Cette Académie est fréquentée par, Le Molt, Brianchon, Legueult, Bersier, Lecaron… et Dunoyer de Ségonzac qui reconnaît que c’est à Prinet qu’il doit la richesse de ses tons neutres et la diversité de ses gris.
En 1937, une nouvelle sécession se produit à la Nationale : André Dauchez qui en était le président depuis la mort de Forain, se voit obligé de la quitter. Il fonde le « Salon Indépendant de la Nationale » qui se tiendra en avril à la galerie Charpentier, Faubourg Saint-honoré. Prinet s’associe au groupe et y expose jusqu’en 1939. Il se fixe dès lors toute l’année à Bourbonne et ne fait que de rares séjours à Paris. Il y vint en juin 1943, au moment de sa réception à l’Académie des Beaux-Arts où il succéda à Muenier.
Erudit et connaisseur en peinture, il est l’auteur d'une Initiation à la Peinture et une Initiation au dessin et il laisse inachevée une longue étude sur les Ecrits de peintres.[7] Il n’est pas seulement reconnu et apprécié pour ses talents de peintre. C’est un artiste salué par la presse à laquelle il collabore aussi.[8] De plus, son esprit vif et spirituel lui offre une place distinguée dans la société parisienne.
Comme d’autres membres de la « Société Nouvelle », il illustre aussi des ouvrages, notamment celui d’Henry Bataille Maman Colibri : l’Enchantement.
[1] J-E. BLANCHE.- Les arts plastiques : La Troisième République, de 1870 à nos jours.- Paris : Impr. Nouvelle, 1931. p. 189.
[2] P. CABANNE et G. SCHURR.- Dictionnaire … op. cit., vol. 2, p. 309.
[3] La peinture en 1905 : l'Enquête sur les tendances actuelles des arts plastiques de Charles Morice. Introduction Philippe Dagen.- Paris : Lettres modernes, 1986. p. 23.
[4] Images littorales du Calvados : de 1850 à 1920, de Morny à Proust, de Mozin à Prinet.- Caen : Conseil Général du Calvados, Direction des Archives départementales du Calvados, 1997. p. 269.
[5] Ibid.
[7]René-François Xavier PRINET.- Initiation à la peinture.- Paris : Librairie d’art R. Rucher, 1935. 191 p.
René-François Xavier PRINET.- Initiation au dessin.- Paris : Flammarion, 1940. 124 p.
[8] Il collabore à la Grande revue de 1906 à 1910 :
« Au Musée du Louvre », 1907, p. 130 à 139.
« Au Musée du Louvre, l’art japonais », 1907, p. 351 à 353.
« L’Exposition Chardin et Fragonard », 1907, p. 548 à 554.
« Exposition chez Duran-Ruel, Sisley », 1908, p. 813 à 817.
…etc.