Léonce Bénédite
Bénédite, Léonce (Nîmes, 14 janvier 1859 – Paris, 12 mai 1925) :
Historien de l’art (frère de Georges Bénédite, célèbre égyptologue), il suit les cours de l’Ecole de Droit et de l’Ecole des Hautes Etudes en Histoire et Philosophie. En 1880 et 1881, il est attaché au Salon des Artistes Français (rédaction du catalogue) des Champs-Élysées, et appelé au Musée de Versailles en 1882. Il est conservateur du Luxembourg de 1892 (où il est entré en 1886) jusqu’à sa mort. Ce musée lui doit la création des sections de médailles, estampes et objets d’art, et de la section d’art moderne.
« Bénédite s’intéresse à l’ensemble des productions artistiques de ses contemporains. Il cherche avant tout à constituer pour le Luxembourg, dédié depuis 1891 à l’art contemporain, une collection représentative de toutes les tendances de la peinture française. »[1]
Pourtant, on lui reproche d’être hésitant avec les impressionnistes, notamment lors de la donation Caillebotte (1896). Il ne l’accepte seulement qu’en partie (faute de place et non par manque d'intérêt pour ces artistes), mais lui fait construire une annexe au Musée du Luxembourg. Au moment de l’inauguration, la fureur des peintres et critiques conservateurs ne se fait pas attendre : ils réclament sa révocation. Son attitude est également réticente lorsqu’en 1902, à la mort de Toulouse-Lautrec, des tableaux de l’atelier sont offerts par la famille de l’artiste. Bénédite juge La Toilette trop légère et retient La Femme au boa.
Il fut aussi très connu pour « Son rôle au sein du mouvement orientaliste (…) particulièrement actif car il fut membre fondateur et président de la Société des orientalistes français (1907), créée en 1893. A cette date est organisée au palais de l’Industrie une exposition d’art musulman avec, en « section annexe », une présentation rétrospective et contemporaine de la peinture orientaliste : cette double initiative témoigne de l’importance accordée désormais à l’art islamique. Chargé de la gestion des bourses de voyage d’artistes en Algérie, Bénédite est l’un des initiateurs de la création de la Villa Abd el-Tif à Alger en 1907 ».[2]
Il est chargé de l'organisation des bourses de voyages d'artistes en Algérie[3]. Il sera rapporteur général des Beaux-Arts à l’Exposition universelle de 1900, organisateur des expositions Whistler en 1905, Fantin-Latour (1906), Carrière (1907) et s’occupe de la diffusion de l’art français à l’étranger (Exposition internationale de Venise en 1906, Exposition à Strasbourg en 1907). Exécuteur testamentaire de Rodin, et désigné par lui comme organisateur de son musée, il est nommé conservateur par l’Etat du musée en 1919 (il est ouvert en 1917).
« Léonce Bénédite avait en lui la foi qui ne cède pas, le sens du devoir inflexible, la patience, la ténacité, - l’entêtement, ont dit ses ennemis, - des vieux prophètes. » [4]
Très fidèle en amitié, il compte parmi ses proches un grand nombre d’artistes, notamment ceux de la « Société Nouvelle », Cottet et Rodin en particulier. Historien de l’art, il a publié un nombre considérable de travaux sur les arts et les artistes (dans la Revue encyclopédique de 1895 à 1899, dans la Revue de l’art ancien et moderne de 1899 à 1922, dans la Gazette des Beaux-Arts de 1892 à 1923, dans l’Artiste de 1887 à 1895), et a rédigé plusieurs catalogues du Musée du Luxembourg, et bien sur les artistes orientalistes (un ouvrage consacré à Albert Lebourg (1923), où il évoque ses séjours en Algérie, et une importante monographie intitulée Théodore Chassériau, sa vie et son œuvre, publiée à titre posthume en 1931).
Fondateur du Bulletin des Musées, il assure également la présidence de la « Société des peintres graveurs français », des « Peintres lithographes », la présidence d’honneur de la « Société des Arts réunis » et de la « Société des Peintres de Paris ».
C’est une personnalité du monde artistique parisien dont la présence en toutes occasions apparaît comme une évidence :
- En décembre 1908, il fait partie du jury du Concours de Sculpteurs de la coupe de l’Aviation au Grand Palais, avec Ménard, Ségoffin, et Jules Maciet.
- Il donne des cours sur Jean-François Millet et Puvis de Chavannes à l’Ecole du Louvre (janvier 1909).
- Le 2 mai 1912, il inaugure avec Armand Dayot, inspecteur général des Beaux-Arts, la 9ème exposition de la « Société des Peintres du Paris Moderne » présidée par Raffaëlli.
- En 16 mai 1912, il est invité au banquet offert à Albert Besnard, sur l’initiative du Syndicat de la presse artistique et de son président Frantz-Jourdain. Parmi les 500 invités, on trouve également : Dayot, Marx, Mourey, Vauxcelles, Aman-Jean (qui fera un discours sur l’œuvre du nouveau membre de l’Académie des Beaux-Arts le 4 mai 1912), Gay, Ménard, Le Sidaner, Prinet, Zuloaga…
- 29 novembre 1912, lors d’une Conférence du Comité France-Amérique, Bénédite étudie l’influence de l’Ecole française sur la peinture aux Etats-Unis (notamment sur Whistler et Gay).
[1] La promenade du critique influent. Anthologie de la critique d’art en France, 1850-1900. Textes réunis et présentés par J.P. Bouillon.- Paris : Hazan, 1990. p. 408.
[2] Christine PELTRE.- Dictionnaire culturel de l’orientalisme.- Pari : Hazan, 2003. p. 20.
[3] Il est aussi associé à la « villa Médicis algérienne », la villa Adb-el-Tif en Algérie, pur produit de la politique coloniale de la France de l'époque.
[4] André DEZARBOIS, « Léonce Bénédite », Le bulletin de l’art ancien et moderne, n°719, juin 1925, p. 180.