emile claus
CLAUS, Emile (Vijve-Saint-Eloi, Belgique 27 septembre 1849 - Astène, Belgique 1924) :
Avant-dernier d’une famille paysanne de seize enfants, son père s’opposa tout à d’abord violemment à ce qu’il devienne peintre (il veut en faire un boulanger), puis le laisse étudier à l’Académie d’Anvers de 1870 à 1874 où il a pour maîtres Nicaise de Keyser et Jacob-Jacobs. De 1875 – sortant de l’académie où il semble ne pas avoir trouvé ce qu’il y cherchait et ayant renoncé à concourir pour le Prix de Rome - jusqu’en 1888, il expose des toiles narratives et réalistes, à caractère sentimental ou social, telles que Richesse et pauvreté (1880). Pour subvenir à ses besoins, il donne des cours de peinture chez les particuliers et peint des portraits réalistes qui connaîtront un grand succès.
Après une série de voyages en Afrique du Nord et en Espagne dans les années 1878-1879, il expose en 1882, à Paris et à Bruxelles, son Combat de Coqs (Coll. part) qui fit une grande impression. Pour Lemonnier, ce tableau « goûte le fumet barbare de la ruralité »[1].
En 1890, La récolte de betteraves (Musée de Deinze), constitue la charnière entre la période teintée de réalisme social et la période impressionniste à laquelle il restera attaché jusqu’à la fin de sa vie. Peu à peu, le paysage prend dans son œuvre plus d’importance que les personnages qui l’animent et le rendu de l’atmosphère, de la lumière, l’emporte sur l’anecdote.
Il passe plusieurs hivers à Paris (1889, 1890, 1891, 1892) où il habite boulevard des Batignolles (puis rue Dautancourt) et où il se lie d’une amitié indéfectible avec Henri Le Sidaner, mais aussi Thaulow, et Duhem[2]. Il fréquente également Zola et Mauclair. Il participe à la « Société Internationale de peinture » en 1896 et 1897 et au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts quasiment chaque année. En France, il découvre et s’enthousiasme pour la peinture de plein air et l’impressionnisme de Monet, de Pissarro et de Sisley. En 1891, il fonde le « Groupe des XIII ». « Celui-ci s’est donné pour but le renouveau de l’art national sur le modèle de la « révolution impressionniste » française. »[3]
Sa carrière ne commence réellement qu’après son installation définitive à Astène en 1888 où il établit un lieu de rencontre pour artistes et écrivains qu'il appela « Zonneschijn » (rayon de soleil). Son talent et son charisme fascinaient de nombreux intellectuels, écrivains et poètes. Zola, Buysse, Verhaeren, Rodenbach et Maeterlinck figuraient au nombre des invités de la villa « Zonneschijn ». Sa maison devint un véritable centre artistique, « la Mecque du Luminisme », dont la renommée s’étendait jusqu’en France. Comme Thaulow, Meunier, Duhem, Baertsoen, Le Sidaner venait régulièrement à Astène, et Claus se rendait souvent chez son ami à Gerberoy. Les expositions de Bruxelles de la « Libre Esthétique » formaient aussi autant d’occasions idéales de retrouver ses amis français (artistes et critiques comme Mauclair et Mourey). Ses amitiés sont nombreuses. Camille Lemonnier, dont il illustra les livres, lui prodigua ses encouragements. Ils se sont rencontrés en 1890 et passent leurs étés ensemble chez le critique à Hulpe qui publie en 1908 une monographie sur le peintre. C’est lui qui est à l’origine de sa rencontre et de son amitié de plus de vingt ans avec le poète Paul Verhaeren, dont il fit le portrait. En France aussi, il est très soutenu ; par la galerie Georges Petit, chez qui il expose très régulièrement, mais aussi par Gabriel Mourey qui publie un important article en anglais et en français pour le cinquantenaire de Claus[4]. En 1902, il fait également son éloge dans un chapitre entier de son ouvrage Des hommes devant la nature.
En 1900, il fait partie des peintres belges présentés à l’Exposition universelle de Paris et à la Sécession de Berlin.
Son travail est un véritable hymne à la lumière. En 1904, il est l’un des co-fondateurs (avec AJ Heymans, G. Lemmen, J. Ensor, Anna Boch, Georges Buysse, W. Degouve de Nuncques, etc), du groupe « Vie et Lumière », qui voulait affirmer l’identité de l’impressionnisme belge sous le dénominateur commun du « Luminisme ». Claus en était l’un des piliers sinon le principal représentant. Très vite « cela ne fut pas du goût de James Ensor qui déclara que Claus « mettait la lumière (le soleil) en bouteille ». « La Libre Esthétique » prit le parti de Claus, et le luminisme, dont il fut désormais considéré comme le chef de file, enthousiasma le président Octave Maus[5]. Dans cette volonté luministe et impressionniste, Claus en compagnie de Le Sidaner, fait en 1906, un séjour à Venise pour retrouver la lumière peinte par Monet.
En 1907, très en vogue, il fait partie du jury d’exposition du Carnegie Institute de Pittsburgh.
Peu d’artistes ont connu de leur vivant un succès comparable au sien, succès qui alla croissant à partir des années 1880 à 1919 date de son retour de Londres où il s’est installé pendant la guerre (il y exécute de nombreuses vues de la Tamise). L’atmosphère de ses tableaux évolue. Le « smog », la pluie, la lumière tamisée perçant dans le brouillard, les teintes plus douces, font leur apparition dans ses œuvres. Les principaux musées du monde mettaient un point d’honneur à les acquérir, les critiques en vue lui consacraient des pages enthousiastes. « Il a fallu la guerre, le raz de marée expressionniste, puis le décès de l’artiste pour voir son œuvre sombrer dans l’oubli ou être en butte au sarcasme. Paul Haesaerts parlera de « l’impressionnisme banal, vulgarisé par des ouvriers d’art comme Heymans et Claus » et Ensor le traitera de « chatouilleur de rétines bourgeoises (…)» »[6].
Son tableau le plus célèbre est Vaches traversant la Lys, 1899 (Musée des Beaux-Arts, Bruxelles). Il est présenté en 1900 à la « Société Nouvelle » et en 1901 à la « Libre Esthétique » ; il est acquis par les Musées Royaux de Bruxelles.
En février 2005, il est en bonne place aux côtés d'Ensor, Magritte, Spilliaert et Delvaux, à l'exposition «D'Ensor à Magritte » présentée au Musée de Lodève (Hérault).
[1] In Alice SAUTON.- Un prince du Luminisme. Emile Claus, 1849-1924.- Bruxelles : Office de Publicité, 1946. p. 10.
[2] Importante correspondance entre Aman-Jean et Duhem au centre de documentation du Musée de la Chartreuse de Douai.
[3] François MARET.- Les peintres luministes.- Bruxelles : Editions du Cercle d’art, 1944. 46 p.
[4] The Studio, 15 août 1899.
[5] Johan DE SMET.- Emile Claus : 1849-1924. Catalogue d’exposition du 14 juin au 5 octobre 1997- Ostende : Pandora, Snoeck-Ducaju & Zoom, 1997. 266 p.
[6] Rétrospective Emile Claus : 1849-1924 : Musée des Beaux-arts, Gand.- Catalogue par Paul EECKHOUT, préface par Gontran VAN SEVEREN.- Gand : Musée des Beaux-arts, 1974. 35 p.
- Participations : 1900, 1901, 1902, 1903, 1904, 1905, 1906, 1907, 1909, 1910, 1911, 1912, 1913, 1914.
- Sociétaire, sans exposer : 1908
Avant-dernier d’une famille paysanne de seize enfants, son père s’opposa tout à d’abord violemment à ce qu’il devienne peintre (il veut en faire un boulanger), puis le laisse étudier à l’Académie d’Anvers de 1870 à 1874 où il a pour maîtres Nicaise de Keyser et Jacob-Jacobs. De 1875 – sortant de l’académie où il semble ne pas avoir trouvé ce qu’il y cherchait et ayant renoncé à concourir pour le Prix de Rome - jusqu’en 1888, il expose des toiles narratives et réalistes, à caractère sentimental ou social, telles que Richesse et pauvreté (1880). Pour subvenir à ses besoins, il donne des cours de peinture chez les particuliers et peint des portraits réalistes qui connaîtront un grand succès.
Après une série de voyages en Afrique du Nord et en Espagne dans les années 1878-1879, il expose en 1882, à Paris et à Bruxelles, son Combat de Coqs (Coll. part) qui fit une grande impression. Pour Lemonnier, ce tableau « goûte le fumet barbare de la ruralité »[1].
En 1890, La récolte de betteraves (Musée de Deinze), constitue la charnière entre la période teintée de réalisme social et la période impressionniste à laquelle il restera attaché jusqu’à la fin de sa vie. Peu à peu, le paysage prend dans son œuvre plus d’importance que les personnages qui l’animent et le rendu de l’atmosphère, de la lumière, l’emporte sur l’anecdote.
Il passe plusieurs hivers à Paris (1889, 1890, 1891, 1892) où il habite boulevard des Batignolles (puis rue Dautancourt) et où il se lie d’une amitié indéfectible avec Henri Le Sidaner, mais aussi Thaulow, et Duhem[2]. Il fréquente également Zola et Mauclair. Il participe à la « Société Internationale de peinture » en 1896 et 1897 et au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts quasiment chaque année. En France, il découvre et s’enthousiasme pour la peinture de plein air et l’impressionnisme de Monet, de Pissarro et de Sisley. En 1891, il fonde le « Groupe des XIII ». « Celui-ci s’est donné pour but le renouveau de l’art national sur le modèle de la « révolution impressionniste » française. »[3]
Sa carrière ne commence réellement qu’après son installation définitive à Astène en 1888 où il établit un lieu de rencontre pour artistes et écrivains qu'il appela « Zonneschijn » (rayon de soleil). Son talent et son charisme fascinaient de nombreux intellectuels, écrivains et poètes. Zola, Buysse, Verhaeren, Rodenbach et Maeterlinck figuraient au nombre des invités de la villa « Zonneschijn ». Sa maison devint un véritable centre artistique, « la Mecque du Luminisme », dont la renommée s’étendait jusqu’en France. Comme Thaulow, Meunier, Duhem, Baertsoen, Le Sidaner venait régulièrement à Astène, et Claus se rendait souvent chez son ami à Gerberoy. Les expositions de Bruxelles de la « Libre Esthétique » formaient aussi autant d’occasions idéales de retrouver ses amis français (artistes et critiques comme Mauclair et Mourey). Ses amitiés sont nombreuses. Camille Lemonnier, dont il illustra les livres, lui prodigua ses encouragements. Ils se sont rencontrés en 1890 et passent leurs étés ensemble chez le critique à Hulpe qui publie en 1908 une monographie sur le peintre. C’est lui qui est à l’origine de sa rencontre et de son amitié de plus de vingt ans avec le poète Paul Verhaeren, dont il fit le portrait. En France aussi, il est très soutenu ; par la galerie Georges Petit, chez qui il expose très régulièrement, mais aussi par Gabriel Mourey qui publie un important article en anglais et en français pour le cinquantenaire de Claus[4]. En 1902, il fait également son éloge dans un chapitre entier de son ouvrage Des hommes devant la nature.
En 1900, il fait partie des peintres belges présentés à l’Exposition universelle de Paris et à la Sécession de Berlin.
Son travail est un véritable hymne à la lumière. En 1904, il est l’un des co-fondateurs (avec AJ Heymans, G. Lemmen, J. Ensor, Anna Boch, Georges Buysse, W. Degouve de Nuncques, etc), du groupe « Vie et Lumière », qui voulait affirmer l’identité de l’impressionnisme belge sous le dénominateur commun du « Luminisme ». Claus en était l’un des piliers sinon le principal représentant. Très vite « cela ne fut pas du goût de James Ensor qui déclara que Claus « mettait la lumière (le soleil) en bouteille ». « La Libre Esthétique » prit le parti de Claus, et le luminisme, dont il fut désormais considéré comme le chef de file, enthousiasma le président Octave Maus[5]. Dans cette volonté luministe et impressionniste, Claus en compagnie de Le Sidaner, fait en 1906, un séjour à Venise pour retrouver la lumière peinte par Monet.
En 1907, très en vogue, il fait partie du jury d’exposition du Carnegie Institute de Pittsburgh.
Peu d’artistes ont connu de leur vivant un succès comparable au sien, succès qui alla croissant à partir des années 1880 à 1919 date de son retour de Londres où il s’est installé pendant la guerre (il y exécute de nombreuses vues de la Tamise). L’atmosphère de ses tableaux évolue. Le « smog », la pluie, la lumière tamisée perçant dans le brouillard, les teintes plus douces, font leur apparition dans ses œuvres. Les principaux musées du monde mettaient un point d’honneur à les acquérir, les critiques en vue lui consacraient des pages enthousiastes. « Il a fallu la guerre, le raz de marée expressionniste, puis le décès de l’artiste pour voir son œuvre sombrer dans l’oubli ou être en butte au sarcasme. Paul Haesaerts parlera de « l’impressionnisme banal, vulgarisé par des ouvriers d’art comme Heymans et Claus » et Ensor le traitera de « chatouilleur de rétines bourgeoises (…)» »[6].
Son tableau le plus célèbre est Vaches traversant la Lys, 1899 (Musée des Beaux-Arts, Bruxelles). Il est présenté en 1900 à la « Société Nouvelle » et en 1901 à la « Libre Esthétique » ; il est acquis par les Musées Royaux de Bruxelles.
En février 2005, il est en bonne place aux côtés d'Ensor, Magritte, Spilliaert et Delvaux, à l'exposition «D'Ensor à Magritte » présentée au Musée de Lodève (Hérault).
[1] In Alice SAUTON.- Un prince du Luminisme. Emile Claus, 1849-1924.- Bruxelles : Office de Publicité, 1946. p. 10.
[2] Importante correspondance entre Aman-Jean et Duhem au centre de documentation du Musée de la Chartreuse de Douai.
[3] François MARET.- Les peintres luministes.- Bruxelles : Editions du Cercle d’art, 1944. 46 p.
[4] The Studio, 15 août 1899.
[5] Johan DE SMET.- Emile Claus : 1849-1924. Catalogue d’exposition du 14 juin au 5 octobre 1997- Ostende : Pandora, Snoeck-Ducaju & Zoom, 1997. 266 p.
[6] Rétrospective Emile Claus : 1849-1924 : Musée des Beaux-arts, Gand.- Catalogue par Paul EECKHOUT, préface par Gontran VAN SEVEREN.- Gand : Musée des Beaux-arts, 1974. 35 p.