gaston la touche
LA TOUCHE, Gaston (1854-1913) :
Peintre, décorateur, sculpteur et graveur d’origine normande, La Touche a été l’élève et l’ami de Bracquemond, qu’il a peint à ses côtés en 1908 dans Bracquemond et son disciple (Musée d’Orsay), et de Manet. Ce dernier rencontré au café de la Nouvelle-Athènes l’a représenté dans Un bar aux Folies-Bergère et lui a laissé sa palette en souvenir.
Guère influencé par lui, il débute au Salon des artistes français puis expose à celui de la Société nationale en 1890, où il envoie des toiles réalistes parfois dramatiques (L’Enterrement d’un enfant en Normandie, 1884 ; L’Accouchée, 1888), mais ses intentions sociales (La Grève d’Anzin, 1889) déplaisent au jury. Il finira par détruire toutes ces œuvres bien que certaines furent diffusées par la gravure ; il publie un album de quarante pointes sèches inspiré de l’Assommoir de son ami Zola. Et dans un esprit plus symboliste il a donné une suite de gravures en couleurs pour le livre d’Albert Samain Aux Flancs du Vase, édité par la Société des Amis des Livres en 1898[1].
Vers 1890, sur les conseils de Bracquemond, il prend une direction opposée et se tourne vers une peinture à la manière de Watteau. Sa palette s’éclaircit, il adopte une manière floue et vaporeuse qui plaît à un large public. Cette peinture, souvent qualifiée de « facile » voir d’artificielle illustre des parcs animés (Versailles et Saint-Cloud), de scènes galantes, de fêtes et concerts nocturnes (Féerie de nuit, 1906), promenades en gondole à Venise, soupers aux chandelles, de petites scènes intimistes contemporaines (Jalousie ou Le Singe, Musée d’Orsay). Les femmes sont aussi pour lui un sujet de prédilection. Son style clair aux touches papillotantes « impressionnistes », aux reflets dansants dans des décors de plaisir, séduit également l’Etat qui lui commande des panneaux décoratifs pour l’Elysées (La Fête de nuit, 1906[2]), le ministère de la Justice (Le Sculpteur, Le Poète, Le Peintre, Le Musicien, 1910), le ministère de l’Agriculture (Le Désir de Plaire, La Bonté d’Ame, La Tendresse du Cœur, l’Amour Maternel, 1907, depuis retirés[3]), la mairie de Saint-Cloud (les Quatre saisons, 1895) et pour l’Union française de Constantinople (Jardins de Versailles, 1898).
Titulaire d’une médaille d’argent à l’Exposition de 1889, il recevait à celle de 1900, outre la croix de la Légion d’honneur, une médaille d’or. Il fait partie de la délégation de la Société Nationale des Beaux-Arts. En 1909 il est promu officier de la Légion d’honneur. Il est fondateur de la « Société internationale de la peinture à l’eau ».
En 1908, il réunit chez Georges Petit, en une grande exposition, la plus grande partie de ses œuvres. C’est un triomphe.
« L’ensemble est extrêmement brillant et divertissant : vue en nombre, la peinture de M. La Touche fait feu d’artifice ; et, ainsi tirée, épanouie, en une seule gerbe bigarrée, étincelante de mille figures, on goûte à plaisir sa surabondante fécondité d’invention et de fantaisie. L’œuvre de M. La Touche est trop riche, trop originale et trop variée pour qu’on en trace l’histoire et le portrait en quelques lignes. Suites décoratives, fantaisies « d’intimités, de vie mondaine, de théâtre », « singeries », « jets d’eau, vitraux, Feuilles d’automne, paysages », « Nuits », ces têtes de chapitres inscrites par l’artiste au catalogue des deux cent cinquante peintures exposées rue de Sèze, ne donnent qu’un aperçu et qu’un reflet lointain. »[4]
Edmond Rostand écrit en préface du catalogue de l’exposition :
« Et que toujours, par ta grâce,
Lorsque passe,
La berline ou le bateau,
On entend au loin l’haleine
De Verlaine
Dans la flûte de Watteau »[5]
[1] Réédité, suivi de Polyphème, et de Poèmes inachevés, en 1902 au Mercure de France.
[2] Arch. Nat., F21 4231, commande des 12 janvier et 20 mai 1905. Le panneau achevé en 1906, fut d’abord exposé au musée du Luxembourg, puis placé à l’Elysée en 1914, envoyé à l’Institut international de Coopération intellectuelle en 1925, et à l’Hôtel de ville de Limoges en 1937.
[3] Ibid., commandes des 16 juillet 1906 et 19 février 1907 pour les deux derniers. Mis en place en 1907, ils sont envoyés à Marseille en 1937.
[4] François MONOD, « Art et décoration », supplément juillet 1908, p. 1-2.
[5] Catalogue des oeuvres de Gaston La Touche. Paris, Galeries Georges Petit, 11 juin au 13 juillet 1908. Poème d’Edmond Rostand.- Paris : Galeries Georges Petit, 1908.
- Participations : 1900, 1901, 1902, 1904, 1905, 1906, 1907, 1908, 1909, 1910, 1912, 1913 (posthume).
Peintre, décorateur, sculpteur et graveur d’origine normande, La Touche a été l’élève et l’ami de Bracquemond, qu’il a peint à ses côtés en 1908 dans Bracquemond et son disciple (Musée d’Orsay), et de Manet. Ce dernier rencontré au café de la Nouvelle-Athènes l’a représenté dans Un bar aux Folies-Bergère et lui a laissé sa palette en souvenir.
Guère influencé par lui, il débute au Salon des artistes français puis expose à celui de la Société nationale en 1890, où il envoie des toiles réalistes parfois dramatiques (L’Enterrement d’un enfant en Normandie, 1884 ; L’Accouchée, 1888), mais ses intentions sociales (La Grève d’Anzin, 1889) déplaisent au jury. Il finira par détruire toutes ces œuvres bien que certaines furent diffusées par la gravure ; il publie un album de quarante pointes sèches inspiré de l’Assommoir de son ami Zola. Et dans un esprit plus symboliste il a donné une suite de gravures en couleurs pour le livre d’Albert Samain Aux Flancs du Vase, édité par la Société des Amis des Livres en 1898[1].
Vers 1890, sur les conseils de Bracquemond, il prend une direction opposée et se tourne vers une peinture à la manière de Watteau. Sa palette s’éclaircit, il adopte une manière floue et vaporeuse qui plaît à un large public. Cette peinture, souvent qualifiée de « facile » voir d’artificielle illustre des parcs animés (Versailles et Saint-Cloud), de scènes galantes, de fêtes et concerts nocturnes (Féerie de nuit, 1906), promenades en gondole à Venise, soupers aux chandelles, de petites scènes intimistes contemporaines (Jalousie ou Le Singe, Musée d’Orsay). Les femmes sont aussi pour lui un sujet de prédilection. Son style clair aux touches papillotantes « impressionnistes », aux reflets dansants dans des décors de plaisir, séduit également l’Etat qui lui commande des panneaux décoratifs pour l’Elysées (La Fête de nuit, 1906[2]), le ministère de la Justice (Le Sculpteur, Le Poète, Le Peintre, Le Musicien, 1910), le ministère de l’Agriculture (Le Désir de Plaire, La Bonté d’Ame, La Tendresse du Cœur, l’Amour Maternel, 1907, depuis retirés[3]), la mairie de Saint-Cloud (les Quatre saisons, 1895) et pour l’Union française de Constantinople (Jardins de Versailles, 1898).
Titulaire d’une médaille d’argent à l’Exposition de 1889, il recevait à celle de 1900, outre la croix de la Légion d’honneur, une médaille d’or. Il fait partie de la délégation de la Société Nationale des Beaux-Arts. En 1909 il est promu officier de la Légion d’honneur. Il est fondateur de la « Société internationale de la peinture à l’eau ».
En 1908, il réunit chez Georges Petit, en une grande exposition, la plus grande partie de ses œuvres. C’est un triomphe.
« L’ensemble est extrêmement brillant et divertissant : vue en nombre, la peinture de M. La Touche fait feu d’artifice ; et, ainsi tirée, épanouie, en une seule gerbe bigarrée, étincelante de mille figures, on goûte à plaisir sa surabondante fécondité d’invention et de fantaisie. L’œuvre de M. La Touche est trop riche, trop originale et trop variée pour qu’on en trace l’histoire et le portrait en quelques lignes. Suites décoratives, fantaisies « d’intimités, de vie mondaine, de théâtre », « singeries », « jets d’eau, vitraux, Feuilles d’automne, paysages », « Nuits », ces têtes de chapitres inscrites par l’artiste au catalogue des deux cent cinquante peintures exposées rue de Sèze, ne donnent qu’un aperçu et qu’un reflet lointain. »[4]
Edmond Rostand écrit en préface du catalogue de l’exposition :
« Et que toujours, par ta grâce,
Lorsque passe,
La berline ou le bateau,
On entend au loin l’haleine
De Verlaine
Dans la flûte de Watteau »[5]
[1] Réédité, suivi de Polyphème, et de Poèmes inachevés, en 1902 au Mercure de France.
[2] Arch. Nat., F21 4231, commande des 12 janvier et 20 mai 1905. Le panneau achevé en 1906, fut d’abord exposé au musée du Luxembourg, puis placé à l’Elysée en 1914, envoyé à l’Institut international de Coopération intellectuelle en 1925, et à l’Hôtel de ville de Limoges en 1937.
[3] Ibid., commandes des 16 juillet 1906 et 19 février 1907 pour les deux derniers. Mis en place en 1907, ils sont envoyés à Marseille en 1937.
[4] François MONOD, « Art et décoration », supplément juillet 1908, p. 1-2.
[5] Catalogue des oeuvres de Gaston La Touche. Paris, Galeries Georges Petit, 11 juin au 13 juillet 1908. Poème d’Edmond Rostand.- Paris : Galeries Georges Petit, 1908.